Santé sexuelle
Ce que je veux, ce que je ne veux pas
Safer sex
En plus des informations de cette page, découvrez notre tout nouveau guide "safer sex pour les personnes trans*" édité en collaboration avec les Klamydia's: guide pdf (version papier disponible sur demande).
Règles de Safer Sex
• Utiliser un préservatif pour toute pénétration (anale, vaginale)
• Ne pas partager ses seringues (drogues, hormones, silicone)
• Pas de sperme ni de sang dans la bouche
Note sur les termes
Il est difficile de parler des corps trans* d’une manière qui permette d’inclure et de respecter toutes les identités vécues et tous les termes existants (ou à venir !). Le site myCheckpoint ne prétend pas réussir cet exercice. Les termes choisis ici pour parler des corporalités des personnes trans* sont assez basiques et ne prétendent aucunement convenir à tou•te un•e chacun•e, et encore moins à assigner quiconque à une identité ou à des dénominations corporelles qui ne lui conviendraient pas.
Les informations de ce chapitre visent à permettre d’évaluer et de prendre en compte les risques de transmission du VIH et d’autres IST. Pour les personnes trans*, notamment celles qui suivent un traitement hormonal et/ou ont été opérées génitalement, certains points sont spécifiques. Les stratégies de réduction des risques peuvent être adaptées en fonction de chaque situation individuelle.
Femmes trans*
Pénétration
Pour les femmes trans* sous hormonothérapie et avec une génitalité native, le fait d’avoir un sperme plus liquide et translucide ne signifie pas qu'il n'y a pas de risque de transmettre le VIH ou d’autres IST, ni une impossibilité de procréer. Lors d’une pénétration insertive, utiliser un préservatif.
Idem pour les femmes trans* avec un néovagin : lors des pénétrations, demander à son•sa partenaire d’utiliser un préservatif externe ou bien utiliser un préservatif interne (Femidom©). Ne pas lésiner sur le lubrifiant, car la peau d’un néovagin peut avoir des microlésions, dues par exemple à l’usage d’un dilatateur, qui sont autant de portes d’entrée potentielle pour le VIH et les autres IST.
La prise d’hormones féminisantes et/ou d’anti-androgènes entraîne souvent une baisse de libido et dans le cas d'une génitalité native, une érection permettant de pénétrer un•e partenaire peut être difficile. Dans ce cas, on peut s’aider d’un cockring.
Cunnilingus, fellation et anulingus
Recevoir un cunnilingus est une pratique sans risque pour la transmission du VIH. Faire un cunnilingus à quelqu’un n’est à risque si la personne est en période de règles (le sang menstruel peut être vecteur de transmission). Par contre, on peut contracter d’autres IST. Les risques pour un néovagin, par rapport à un vagin non-trans*, sont très peu connus. Par précaution, il est plus prudent de se protéger avec une digue dentaire, un carré de latex ou du film alimentaire, surtout si le néovagin est constitué d’une muqueuse (vaginoplastie à partir du côlon).
Pour la fellation et l’anulingus, les risques ne diffèrent pas par rapport à une personne non-trans*.
Ciseaux
Dans la position des « ciseaux » (vulve contre vulve), il y a peu de risque de transmission du VIH (sauf si le•la partenaire est en période de règles). En revanche, le risque de transmettre ou de contracter une autre IST existe.
Jeux de doigts
Les jeux de doigts, anaux ou vaginaux, sont sans risque de transmission du VIH et d’autres IST s’ils ne sont pas contaminés par des sécrétions, du sang ou des produits (ex. : lubrifiant). Il est recommandé de ne pas utiliser le matériel d’autres personnes (jouets sexuels), ou alors de bien le protéger et le désinfecter avec un désinfectant bactéricide et virucide (à base de Chlorhexidine) ou en le faisant bouillir (si matériau le permet) avant et après tout changement de partenaire.
Pratiques hard
Lors de pratiques hard avec un néovagin, comme le fist par exemple, il faut veiller à être attentive à sa résistance (élasticité moindre qu’un vagin non-trans*), surtout si l’opération est récente. Mettre un gant si vous fistez quelqu’un ou s’assurer que la personne qui vous fiste en porte, que ce soit dans l’anus ou le vagin.
Hommes trans*
Pénétration et fellation
Pour les hommes trans* avec une génitalité native et sous hormonothérapie, la testostérone a tendance à assécher les muqueuses vaginales. Cela peut entraîner des douleurs et/ou des lésions qui sont autant de portes d’entrée potentielles pour le VIH et d’autres IST lors de pénétrations réceptives. Pour toutes les pénétrations (vaginales comme anales), demander à son•sa partenaire d’utiliser un préservatif externe ou utiliser soi-même un préservatif interne (Femidom©). Il ne faut pas hésiter à utiliser beaucoup de lubrifiant !
Le fait d’avoir une génitalité native sans avoir eu d’hystérectomie/ovariectomie tout en prenant de la testostérone ne signifie pas qu’il n’est pas possible de tomber enceint. La probabilité est faible, surtout s’il n’y a plus de règles, mais elle n’est pas nulle. S’assurer d’avoir une contraception adaptée si vous ne souhaitez pas tomber enceint.
Pour les hommes trans* qui ont un néopénis (phalloplastie ou métaoidoplastie), il est difficile actuellement de savoir s’ils ont plus ou moins de risques de contracter le VIH ou une autre IST qu’un pénis non-trans*, en cas de pénétration ou de fellation. Par précaution, il est conseillé d’utiliser un préservatif.
Un cockring peut aider à maintenir une érection plus ferme. Pour les personnes avec une phallo sans pompe érectile, il est possible d’utiliser une prothèse pénienne creuse pour pénétrer un•e partenaire. Pour ceux qui ont une méta sur laquelle un préservatif « classique » ne convient pas, on peut le remplacer par un doigtier.
Cunnilingus et anulingus
Le cunnilingus est une pratique sans risque pour la transmission du VIH, pour autant que la personne qui le reçoit ne soit pas en période de règles (le sang menstruel peut être vecteur de transmission). Par contre, on peut contracter d’autres IST. On peut se protéger avec une digue dentaire, un carré de latex ou du film alimentaire.
Pour l’anulingus, les risques ne sont pas différents par rapport à une personne non-trans*.
Ciseaux
La position des « ciseaux » (vulve contre vulve) est peu à risque de transmission du VIH hors période de règles de l'un•e ou l'autre partenaire. En revanche, le risque de transmettre ou de contracter une autre IST est réel.
Jeux de doigts
Les jeux de doigts, anaux ou vaginaux, sont sans risque de transmission du VIH et d’autres IST s’ils ne sont pas contaminés par des sécrétions, du sang ou des produits (ex. : lubrifiant). Il est recommandé de ne pas utiliser le matériel d’autres personnes (jouets sexuels), ou alors de bien le protéger et le désinfecter avec un désinfectant bactéricide et virucide (chlorhexidine) ou en le faisant bouillir (si matériau le permet) avant et après tout changement de partenaire.
Pratiques hard
Les risques de transmission et les moyens de protection ne diffèrent pas par rapport à une personne non-trans*. Si vous voulez en savoir plus sur les pratiques hard, voyez le chapitre correspondant.
Injection de produits
Les personnes réalisant des injections elles-mêmes, que ce soit des produits psychoactifs (cocaïne, héroïne…), des hormones et/ou du silicone, ne devraient pas partager le matériel d’injection (aiguilles, seringues, cotons) pour éviter la transmission du VIH et de l’hépatite C. Ce matériel doit être neuf, stérile et il est à usage unique !
Ce que je veux, ce que je ne veux pas
Vous êtes la seule personne qui peut savoir et dire ce qu’elle souhaite en matière de sexualité et de pratiques, et personne d’autre. Votre corps, votre intimité et votre santé vous appartiennent, et c’est vous qui pouvez décider ce que vous voulez en faire.
Votre corps et votre intimité
Si vous êtes trans* et que vous le dites à d’autres personnes, par exemple des partenaires sexuel•le•s potentiel•le•s, on vous a probablement déjà posé des questions intrusives comme « Mais tu as quoi entre les jambes alors ? » ou rejeté•e en raison de votre identité trans*.
Votre intimité vous appartient et c’est à vous de décider ce que vous souhaitez dire de vous, de votre corps et notament de votre génitalité. De la même manière, il n’y a pas d’obligation à dire que vous êtes trans* ou, au contraire, de le cacher à tout prix. Si vous sortez pour avoir des relations sexuelles, essayez de prévoir avant ce que vous voulez dire sur vous ou non et d’être clair•e sur ce point, même si c’est parfois difficile d’anticiper !
Votre santé
« Je fais déjà l’effort de coucher avec une personne trans*. » Il peut arriver que certaines personnes avec qui vous pourriez avoir des relations sexuelles vous demandent des choses que vous ne voulez pas dire ou faire, comme par exemple de ne pas mettre de préservatif pour coucher avec vous. Dites-vous qu’une personne qui est prête à mettre votre santé et la sienne en danger sous prétexte que vous êtes trans* n’est sûrement pas un bon plan ! Il faut penser qu’une personne peut être porteuse du VIH ou d’autres IST sans que cela ne se voit, et qu’elle-même peut ne pas le savoir.
Si vous sortez pour avoir des relations sexuelles, prenez des préservatifs et du lubrifiant avec vous et essayez d’être au clair sur ce que vous êtes d’accord de faire ou non (pratiques, etc.).
Procréation et contraception
En dehors des méthodes de contraception « classiques » (préservatif, stérilet, pilule, etc.), une hormonothérapie à long terme empêche la procréation. Toutefois, au début de la prise d’hormones, il faut un certain temps, variable en fonction des personnes et du type d’hormonothérapie (produit, posologie, etc.), pour que la capacité procréative devienne théoriquement nulle. Il est conseillé d’en parler avec son•sa médecin ou son endocrinologue.
Contraception d’urgence
Les hommes trans* avec une génitalité native (sans ovariectomie ou hystérectomie) ayant un rapport vaginal non protégé ou mal protégé (avec ou sans éjaculation) peuvent recourrir à une contraception d’urgence dans une situation où ils pourraient tomber enceints sans le souhaiter (par exemple s'ils ne prennent pas de testostérone ou s'ils sont en début d’hormonothérapie).
Qu’est-ce que la contraception d’urgence ?
Aussi appelée « pilule du lendemain », il s’agit de comprimés qui réduisent fortement le risque de grossesse en cas de rapport vaginal non protégé.
Quand la prendre ?
Au plus tard 72 heures après le rapport non protégé. Plus elle est prise tôt, plus elle est efficace.
Où la trouver ?
- Dans les centres de planning familial et de santé sexuelle.
- En pharmacie sans ordonnance (entre 25 et 40 francs).
- Dans les services d’urgence hospitaliers.
La contraception d’urgence ne protège ni du VIH ni des autres infections sexuellement transmissibles. Renseignez-vous au CHECKPOINT sur l’indication à une PEP (ou aux urgences hospitalières durant les weekends), à vous vacciner contre les hépatites A et B et à prévoir des dépistages d’IST.
Gynécologie
Même si ce n’est pas très agréable, un contrôle gynécologique régulier (une fois par an ou tous les deux ans) pour les femmes trans* avec un néovagin et les hommes trans* avec une génitalité native est recommandé. Un contrôle gynécologique permet de dépister la présence éventuelle d’IST, d’autres infections ainsi que de cancers.
Sur demande, les consultations pour personnes trans* du CHECKPOINT Zurich et du CHECKPOINT Vaud peuvent fournir des adresses de gynécologues trans*friendly.
Femmes trans*
En plus d’un contrôle du néovagin (infection, mycose, etc.), il est conseillé d’examiner régulièrement les seins par palpation, afin de déceler des formes inhabituelles qui pourraient être le signe d’une tumeur. Un contrôle de la poitrine par mammographie peut également être indiqué selon les mêmes recommandations que pour les femmes non-trans*.
Notez que le test Pap (frottis cytologique sur le col de l’utérus) n’est pas nécessaire pour les femmes trans* avec un néovagin, sauf si une partie du gland natif a été utilisée pour créer un néo-col de l’utérus, ce qui n’est pas le cas la plupart du temps.
Une vaccination contre le HPV est opportune. Elle fait l'objet d'un plan national mis en oeuvre par les cantons qui proposent la vaccination gratuitement selon un processus propre à chaque canton. Il est possible de se renseigner auprès de son•sa médecin traitant•e ou bien d'un centre de santé sexuelle y.c. Checkpoint.
Hommes trans*
Pour les hommes trans* avec une génitalité native, il est opportun de contrôler la santé de celle-ci (infection, mycose, etc.), en particulier d’effectuer un prélèvement cytologique sur le col de l’utérus afin de détecter d’éventuelles cellules (pré)cancéreuses. Pour ceux qui n'ont pas fait de mastectomie, il est également conseillé de profiter d'un contrôle gynécologique pour faire examiner les seins par palpation, même si c'est désagréable, afin de déceler des formes inhabituelles qui pourraient être le signe d’une tumeur.
La vaccination contre le HPV est recommandée pour les hommes trans* avec une génitalité native. Celle-ci est prise en charge par les assurances maladie pour les personnes assignées au sexe féminin à la naissance jusqu’à leur 26ème anniversaire.
Pour les hommes trans* ayant eu une hystérectomie, il est malgré tout recommandé de faire des contrôles gynecologiques réguliers. Ceci en particulier pour les personnes ayant eu une hysterectomie sans ablation du col de l’utérus.
Pour ceux qui prennent de la testostérone et qui n’ont pas fait d’ovariectomie ou d’hystérectomie, il est également conseillé de vérifier la taille de l’utérus et des ovaires. Les hormones peuvent parfois faciliter la survenue de kystes sur les ovaires. Dans certains cas, la testostérone peut aussi les atrophier ; ceux pour qui il est important de conserver des capacités procréatives, il faut veiller à contrôler que les ovaires ont toujours une taille habituelle.
Urologie et andrologie
Femmes trans*
Un suivi andrologique régulier est conseillé pour toutes les femmes trans* afin de contrôler la prostate. Pour celles qui ont une génitalité native (sans orchidectomie bilatérale), un examen des testicules est en outre recommandé pour détecter un éventuel cancer.
Hommes trans*
A ce jour, les données sur la santé postopératoire des hommes trans* avec un néopénis (phalloplastie ou métaoidoplastie) manquent. Par précaution, il est recommandé d’avoir un suivi médical régulier du néopénis et des éventuels implants (testicules, prothèse érectile).
Ressources
- Guide safer sex pour les personnes trans*, Les klamydia's/Checkpoint vaud (2017)
- Dicklit et T Claques. Un guide pour les trans ft*… et leurs amants , OUTrans (2010)
- Embrase-moi. Guide de sécurisexe pour les femmes trans , The 519 Church Street Community Centre (2013)
- Brazen. Transwomen safer sex guide, The 519 Church Street Community Centre (2013)
- Guide du safe sex entre femmes, Les Klamydia’s
- Les transidentités et la réduction des risques, Chrysalide (2010)
- Si t’en veux... le guide des hommes trans et des gars auxquels ils plaisent, Gay/Bi/Queer Transmen Working Group (2010)
- Primed : The Back Pocket Guide For Transmen & The Men Who Dig Them, Gay/Bi/Queer Transmen Working Group (2010)
- Trans Health Matters. Sexual health, HIV and wellbeing - a guide for transmen, Terrence Higgins Trust (2012)
- Trans Health Matters. Sexual health, HIV and wellbeing - a guide for transwomen, Terrence Higgins Trust (2012)